C’est dit, les casinotiers ont peur que la privatisation de la Française Des Jeux empiète sur leur activité. À mesure que le projet avance, l’inquiétude monte. Trois syndicats professionnels se sont récemment réunis. Casinos modernes de France, Casinos indépendants de France et Casinos de France. Ils ont entre autres demandé une clarification concernant l’offre de l’entreprise une fois privatisée. Selon les prévisions, dans retard, la privatisation de la FDJ devrait-être achevée d’ici la fin de l’année.
La Française des Jeux privatisée, c’est 200 casinos inquiets dans tout l’Hexagone. Les casinotiers craignent une restructuration drastique de la bonne vieille FDJ. Autrefois institution de l’État, à quoi peut-on s’attendre pour la nouvelle FDJ ? Elle est actuellement contrôlée à 72% par l’Etat. Ce dernier ne devrait conserver que 20% des parts après la transition. La majeure partie sera proposée aux particuliers intéressés dans l’achat des parts.
Privatisation: « toujours en cours de définition »
Selon l’actuel ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, la privatisation de la FDJ pourrait débuter en Novembre. Interrogé dans l’émission le Grand Rendez-vous, il confie vouloir achever la transition d’ici la fin de l’année. Dans le meilleur des cas d’ici mi-Novembre. Dans le cas où les marchés ne jouent pas d’ici là. Dès Novembre, les particuliers auront la possibilité d’acheter des titres du monument « Française Des Jeux ». Une information qu’il a confiée à CNews-Europe 1 et Les Echos.
Bruno Le Maire, ajoute également que les réflexions se portent sur le prix de l’action. Et surtout sur sa possible décote. L’ambition est de susciter une large participation de la part des Français affirme-t-il. Il serait envisagé de proposer des actions gratuites en fonction de la durée de détention des titres.
Française Des Jeux : Une redéfinition du rôle de l’État
La privatisation fait encore l’objet de réflexions sur le champ d’action de l’État. Quelle marge de manœuvre conservera ce dernier avec seulement 20% des parts ?
Si le rôle de l’exécutif est encore en cours de définition, Bruno Le Maire a été clair.
« Le rôle de l’État n’est pas de se charger des jeux de grattage et de tirage «
Pour le ministre, il s’agirait davantage de garantir le contrôle de l’entité. Puis d’établir une autorité chargée de réguler les jeux. Par ailleurs, il est prévu qu’un nouveau président soit nommé dans les prochaines semaines.
Privatisation : un appel d’air profitable
Ce vaste programme de cessions d’actifs s’inscrit dans la loi Pacte. Elle permettrait à l’Etat d’alimenter un fond représentant 10 milliards d’euros. Qui seraient notamment destinés à l’innovation. Alors que la privatisation du gestionnaire des aéroports de Paris se heurte à des obstacles de taille. Notamment à un référendum d’initiative partagée (RIP). Contrairement à ce dernier, le processus avance normalement pour la Française des Jeux.
Les 20% du capital que l’État conserverait, serviraient également à assurer le contrôle de l’addiction au jeu. Une action qui viendrait solidifier de façon complémentaire de la future autorité.
Actuellement, des associations d’anciens combattants détiennent 14% du capital de la FDJ aux côtés de l’État. Ce pourcentage ne devrait pas changer durant la transition.
Les casinotiers menacés par l’autonomie de la Française Des Jeux ?
« Les élus nous ont fait des promesses » martèlent les syndicats. Animés par la crainte pour leur futur, ces derniers montent au créneau. L’objet de leurs revendications : que la FDJ ne propose pas de jeux de casinos. Les syndicats réclament à ce qu’il soit clairement stipulé que la Française Des Jeux ne puisse pas offrir de jeux de machines à sous. Et que cela soit appliqué dans les plus de 30 000 points de vente en France. Mais aussi sur Internet.
« Chacun son métier, ses devoirs et ses droits »
Le président de Joa Groupe, Laurent Lassiaz insiste, la FDJ sera bien plus favorisée que les casinos. Elle pourra développer ses jeux et les distribuer. L’entreprise pourra, après la privatisation, installer des terminaux électroniques. Sur ces plateformes seront installés les jeux de la FDJ. Pas question donc de lui permettre aussi d’installer des machines à sous. « Chacun son métier, ses devoirs et ses droits » dit-il.
La France applique aujourd’hui une réglementation stricte concernant l’activité des casinotiers. Premièrement, les machines à sous sont accessibles dans les casinos terrestres uniquement. Sur internet, leur accès est strictement réglementé et soumis au contrôle d’identité, protection des mineurs et enregistrement des transactions à plus de 2000 euros.
Française Des Jeux : L’État conserve un garde-fou
Les modalités de fonctionnement de l’autorité de la FDJ ont déjà étés établies. Un commissaire mandaté par le gouvernement représentera l’État au conseil d’administration. Il sera notamment en mesure de s’opposer à certaines décisions représentant une menace pour l’entreprise. Les dirigeants de l’entreprise devront faire une demande d’agrément à l’État, pouvant être retirée à tout moment.
Autre garde-fou : l’obligation pour l’entreprise de respecter une convention portant sur l’exploitation des « droits exclusifs ». Mais aussi la bonne tenue d’un cahier des charges.
Ainsi, bien que privatisée, la FDJ pourra conserver sa mainmise sur les jeux de hasard. Il est aussi de prévu que la FDJ ne soit pas en mesure de proposer d’autres services supplémentaires. En outre, la FDJ ne pourra pas sortir de son « périmètre sécurisé ».
De plus, un nouvel actionnaire ne pourra pas monter à un capital supérieur à 10% sans autorisation préalable de l’Etat.
Un tel changement attise les craintes de certains Français et élus. Ils craignant que les particuliers, motivés par la rentabilité, cherchent à développer des offres plus addictives. D’un autre côté, d’autres élus cherchent à démontrer au contraire que la France est capable de se servir des bienfaits de l’entreprenariat populaire. Et ainsi d’acquérir des actions très rentables de la FDJ.
Bertrand Robert est un rédacteur expérimenté dans le domaine des jeux d’argent en ligne et des casinos en lignes.